Anouk Van Gestel, hébergeuse de la plate-forme citoyenne, est acquittée

© SDP

La 47ème chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles vient de rendre son jugement dans le dossier des hébergeurs de migrant. Parmi eux, la journaliste Anouk Van Gestel, poursuivie pour trafic d’êtres humains et association criminelle internationale, est désormais acquittée. C’est son engagement et son combat, sa dignité et sa volonté que chaque être humain ait également droit à la dignité que Le Vif Weekend met en lumière dans son numéro spécial « 2018 au féminin, les Belges qui ont compté ».

Anouk Van Gestel voit ainsi se clore un procès et une année éprouvante. « Ce procès est éminemment politique, n’a-t-elle cessé de répéter. J’en suis convaincue. C’est un procès mis sur pied pour les élections, monsieur Francken, qui est le bras armé de Jan Jambon, avait une mission qui était d’aller récolter des voix de l’extrême droite et du Vlaams Belang. Ils ont joué sur le mode sécurité… Je pense vraiment qu’il y a des choses plus importantes à faire en Belgique que rejeter la faute sur tout ce qui s’y passe sur les migrants. »

« J’ai l’impression qu’une tension magistrale s’est dissoute. Je reçois des messages terriblement positifs de soutien, cela fait chaud au coeur. Mais je reçois aussi des horreurs, avec des insultes que je ne répéterai pas et des menaces de mort. Je ne veux retenir que les bons côtés, ne pas focaliser sur ces gens qui doivent être atrocement malheureux pour écrire des horreurs pareilles. Je me redresse à chaque fois et je continue mon chemin. »

« Je pense à Mohamed, que j’ai accueilli, il a 17 ans, c’est un bébé. Il est Soudanais, je l’ai rencontré en août 2017, il y a avait eu une rafle au parc Maximilien, j’avais vu ces images et une colère magistrale m’était montée du ventre : « ces gens n’ont rien et on va leur prendre ce qu’ils n’ont pas, un sac de couchage, un sac à dos et la chose la plus importante pour eux, leur gsm. J’y suis allée, avec un jeu d’échec et un frisbee, pour prouver qu’il existe une Belgique solidaire. Et j’ai fait la connaissance de Mohamed, il avait aux pieds des tongs de taille différente et une main foulée, il m’a vraiment fait pitié, je lui ai dit : « On rentre à la maison, je te soigne et tu reviens au parc. Le lendemain, je n’ai pas eu le courage de le ramener… »

Aujourd’hui, il a obtenu ses papiers, il est fou de joie, transcendé. Je l’ai vu récemment, il rigolait et puis tout à coup, ses yeux se sont embués : « Je ne vais plus voir mon père et ma famille ». Je lui ai promis que, si tout se passait bien, on irait voir son père en Egypte, à la frontière, puisqu’il ne peut plus retourner au Soudan.

Désormais, la solidarité ne devrait donc plus être un délit passible d’emprisonnement, « même si la ligne rouge n’est pas toujours très claire, remarque-t-elle, on peut héberger des migrants mais on ne peut pas leur prêter notre téléphone… »

Désormais, elle pourra se consacrer à ses hôtes, qu’elle continue à accueillir, comme Hussein, 30 ans, Soudanais (lire son portrait ici).

Désormais, Anouk Van Gestel pourra enfin se consacrer à son projet de livre sur son histoire, « un exutoire, que je compte écrire sous la forme d’un roman ». Ajouté à cela des envies brûlantes de soutenir d’autres projets, le premier qui entend « faire la promotion des médias qui ont du sens » et le deuxième qui s’ancre dans le social. On sait qu’on peut compter sur Anouk pour ne pas baisser la garde.

Anouk Van Gestel est l’une des femmes mises à l’honneur par Le Vif Weekend, dans son édition du 13 décembre 2019, « 2018 au féminin. Les Belges qui ont compté ». En librairie, sur notre site et notre compte Instagram @levifweekend

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