Michael Bordt

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Celui qui a décrété qu’il fallait toujours obéir à ses parents devait avoir une allergie au bien-être et à l’épanouissement d’autrui. C’est du moins le point de vue de Michael Bordt, professeur de philosophie et jésuite, dont le livre L’Art de décevoir ses parents vient d’être traduit de l’allemand.

Pourquoi avoir traité le fait de décevoir autrui comme un art ?

L’art de décevoir ses parents s’avère être celui de gérer ses propres déceptions. C’est une discipline difficile. Pour chacun. Néanmoins, il est possible d’apprendre à devenir un maître dans le domaine, c’est pour cela que c’est un art. Mon livre indique comment faire.

Les parents représentent-ils le but ultime ou la première étape ?

Gérer la déception avec vos parents est le plus haut niveau de maîtrise. Si vous arrivez à régir tous les mouvements intérieurs, les attentes et blessures avec vos parents, alors vous pourrez le faire avec tout le monde. C’est pour ça qu’ils sont le point central.

Se détacher de ses géniteurs pour vivre sa vie, n’est-ce pas une problématique d’ado ?

Pas du tout ! La relation avec nos parents influence profondément notre vie entière. Leurs attentes, leurs valeurs et leurs espoirs quant à notre vie ont un impact sur la façon dont nous nous percevons. Je connais des membres de conseils d’administration de grosses entreprises dont la plus profonde motivation est de rendre leurs parents fiers. Mais si vous apprenez à les connaître, vous comprenez qu’ils sont viscéralement malheureux. Donc, arrêtez de vouloir rendre vos parents fiers et commencez à découvrir qui vous êtes vraiment.

 » Honore ton père et ta mère  » est l’un des Dix commandements. Comment le jésuite que vous êtes peut-il encourager à les décevoir ?

Les honorer n’implique pas de ne pas les décevoir ! Si vous voulez trouver un sens à votre propre existence, vous êtes obligé de ne pas vous conformer aux attentes des autres, y compris vos parents. La religion, bien interprétée, peut être une grande aide sur ce chemin de découverte de soi. Si c’est un fardeau et non une aide, c’est inutile, il faut la quitter.

Le livre contient quelques citations de penseurs, mais on trouve peu de noms de philosophes. Certains vous ont-ils plus inspiré que d’autres ?

Un bon philosophe doit être capable de développer ses propres pensées. Pour ce livre, il n’y a pas eu un philosophe en particulier mais il est certain que Platon, les Stoïciens et Wittgenstein m’ont beaucoup influencé de par la profondeur de leur pensée, mais aussi leur approche.

L’Art de décevoir ses parents, par Michael Bordt, First.

Michael Bordt
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