We are fashion, tout un mois consacré à la mode belge à Bruxelles

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Du 12 octobre au 18 novembre prochain, la mode de chez nous sera à l’honneur, à Bruxelles, à travers la série d’événements We Are Fashion. Et aussi une expo anniversaire pour célébrer les 35 ans de l’édition Mode c’est belge du Vif Weekend. Demandez le programme.

Cela fait trente-cinq ans que le label Mode c’est belge marque de son empreinte le paysage fashion du plat pays. Mieux, il en a changé le visage, lui servant de révélateur puissant, indéfectible et enthousiaste. Car la mode belge n’existait d’abord pas, formellement du moins. Pour comprendre d’où elle vient, il faudrait remonter jusqu’aux années 60 où l’on assiste, un peu étourdi, à l’explosion du prêt-à-porter, aux balbutiements d’un département de mode et costumes de théâtre à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers et puis à la crise économique qui s’annonce dès le début de la décennie suivante. En 1981, le gouvernement Martens décide de lancer un plan quinquennal – il sera reconduit – pour sauver deux des plus vieilles industries du pays, le textile et l’habillement, qu’il ne veut pas voir s’écrouler ; elles risqueraient d’emporter dans leur chute l’emploi de plus de 150 000 personnes. Le Plan Textile imaginé par Willy Claes, alors ministre de l’Economie, donne naissance à l’Institut du Textile et de la Confection belge (ITCB). Désormais, il sera permis (et justifié) d’accoler les mots mode et belge. Car l’époque, soudain propice à l’émulation, voit émerger tout ce qui est nécessaire à sa définition et à sa construction : des jeunes talents issus de l’Académie d’Anvers, le slogan Mode c’est belge, la parution d’un catalogue qui porte ce titre et deviendra un magazine, repris des années plus tard par Le Vif Weekend et Knack Weekend, qui l’éditent, aujourd’hui encore, deux fois l’an.

Nos talents ne sont pas des  » suiveurs « , ils ont des convictions.

La suite n’est pas tout à fait de l’histoire, car la mode belge continue plus que jamais à exister sur l’échiquier mondial. Pour s’en rendre compte, il suffit d’écrire quelques noms au regard des maisons pour lesquelles ils créent : Anthony Vaccarello chez Saint Laurent, Raf Simons chez Calvin Klein, Julien Dossena chez Cacharel, ou Cédric Charlier, pour une griffe à son nom – c’est compter sans tous ceux qui oeuvrent dans l’ombre.

Rushemy Botter, lauréat 2017 des Belgian Fashion Awards et aujourd'hui à la codirection artistique de Nina Ricci.
Rushemy Botter, lauréat 2017 des Belgian Fashion Awards et aujourd’hui à la codirection artistique de Nina Ricci.© fille roelants

Depuis ces temps qui ne sont pas immémoriaux, nous n’avons cessé de la soutenir, la mode belge. Avec passion, avec rigueur. Cela valait bien une exposition. Du 11 octobre au 4 novembre prochain, Le Vif Weekend, Knack Weekend et le MAD, plate-forme du design et de la mode à Bruxelles, accrochent aux cimaises trente-cinq ans de Mode c’est belge.  » Ce ne sera pas une expo mode, prévient d’emblée son directeur artistique Benoît Béthume. Elle reposera sur le rôle qu’a joué et que joue encore aujourd’hui le magazine Mode c’est belge. Et mettra en lumière comment il la traduit pour ses lecteurs, à travers le prisme journalistique et sociétal.  » Soit une plongée dans l’alchimie entre les designers et l’hebdomadaire, qui a servi de catalyseur. On y entrera un peu comme dans une salle de rédaction, en suivant le chemin de fer, ce déroulé qui définit l’ossature d’un journal.  » Avec les meilleurs articles, qui prouvent, si besoin était, que le Mode c’est belge traite le sujet avec originalité et pertinence. Ou comment travailler un esprit grâce à une ligne éditoriale, autant en images qu’en mots. Avec également une présentation de vêtements et de silhouettes de créateurs de chez nous. Mais l’exposition ne sera absolument pas muséale. L’idée est de montrer comment le magazine est source de propositions pour ses lecteurs. Nous avons tout basé sur une ligne du temps mais sans passéisme, afin de mettre en évidence les pièces intemporelles, les savoir-faire et les talents de demain. Car le magazine a toujours été là pour les soutenir, les repérer – et dans l’industrie de la mode, cela compte vraiment.  »

Et c’est justement parce que la mode belge rayonne à l’étranger, que sa vitalité créative émerveille, qu’elle mérite plus que tout d’être mise à l’honneur sur ses terres. Et qu’il est toujours nécessaire de récompenser ses talents, établis ou en devenir. Le Vif Weekend, Knack Weekend, le MAD (Brussels Fashion and Design Platform), WBDM (Wallonie-Bruxelles Design Mode) et Flanders DC (Flanders District of Creativity) se sont donc unis pour mettre sur pied les Belgian Fashion Awards. La deuxième édition se tiendra ce 11 octobre au MAD, et les prix y seront décernés dans sept catégories : The Jury prize, Designer of the year, Emerging Talent of the year, Professional of the year, Entrepreneur of the year, Fashion brand of the year et Most promising graduate. Soit sept créateurs, professionnels ou maisons qui ont été sous les feux de la rampe en 2018.

Dries Van Noten, lors de la cérémonie des BFA 2017.
Dries Van Noten, lors de la cérémonie des BFA 2017.© fille roelants

Car plus que jamais, il est bon de rappeler que cette mode noir-jaune-rouge a le mérite d’être libre et pertinente.  » Nous avons créé nos propres codes, analyse Benoît Béthume. Nos talents ne sont pas des  » suiveurs « , ils ont des convictions et considèrent la mode comme un vrai métier, ce qu’elle est d’ailleurs. Ils ne jouent jamais la facilité, ont les pieds sur terre, ne font pas de l’apparat mais désirent habiller les gens. En Belgique, la mode ne vient pas à vous, on est obligé de venir à elle. Il ne faut pas oublier qu’il n’y avait rien au début des années 80, à part des industries, et qu’il fallait avoir une envie profonde pour se lancer. Ce qu’ont réussi des Dries Van Noten, Ann Demeulemeester ou Martin Margiela est remarquable. La jeune génération s’inscrit dans cette lignée, telle Marine Serre, diplômée de La Cambre mode(s) : elle est venue à la mode sur un coup de coeur, elle a appris le métier vaille que vaille et connaît aujourd’hui le succès sans se laisser influencer. Les créateurs belges ou assimilés marquent de leur empreinte les maisons françaises, ce sont des bosseurs, ils ont une approche logique et conceptualisée, où tout s’emboîte, ce qui leur permet d’aller droit au but et de garder cependant une pointe d’humour, un décalage.  » Permis d’être fier.

« We Are Fashion »

Ça sonne comme une affirmation participative, englobante et fière de l’être. Transcendant les particularismes linguistiques,  » We Are Fashion  » est le titre générique de la première édition de ce mois consacré à la mode belge. Du 12 octobre au 18 novembre prochain, sous l’égide du MAD, plate-forme du design et de la mode bruxelloise, le coeur de la capitale s’apprête à battre au rythme de la créativité labellisée noir-jaune-rouge. Au programme, des expositions, des défilés, des conférences, des workshops, des pop-up stores, des visites guidées et un parcours locavore. Avec, en ouverture, ce 11 octobre au MAD, les Belgian Fashion Awards et l’inauguration de l’exposition 35 ans Mode c’est belge. Dans la vitrine de ce beau bâtiment virginal, on admirera également Back to Venus, l’installation d’Ester Manas et Balthazar Delepierre, un duo bourré de talent formé par cette jeune créatrice issue de La Cambre mode(s), finaliste de la trente-troisième édition du Festival de Mode à Hyères, et par ce directeur artistique lui aussi passé par La Cambre, mais en typographie. Ils donneront à voir la collection d’Ester, Big Again, qui entend repenser le dés/équilibre entre le corps et le vêtement. Et replacer l’humain au centre de l’attention, interroger la taille mannequin standard, mettre en valeur la beauté singulière,  » habiller toutes les femmes dans cette même idée, avec le même amour « . Ce manifeste hautement désirable sert de point de départ au Mode parcours, lequel explorera le thème de la contestation – autant d’installations, d’ateliers ouverts, de workshops placés sous la direction artistique d’un autre duo à suivre, Gioia Seghers et Adrien Domken, qui par ailleurs travaillent en commun sous le seul nom de la première, en une collection Femme ne reniant rien de ses inspirations nourries de danse et de Japon. Il sera aussi question d’éco-fashion et de démarrer son entreprise, à l’instar des Filles à Papa, lors de deux séminaires proposés par le MAD, de hashtag J’Achète Belge, du défilé Customisez-moi le 10 novembre et d’une vente de stock de créateurs les 16 et 17 novembre prochain.

Une invitation

Si la mode belge n’a pas de secret pour vous, si vous n’y entendez rien, si vous connaissez presque tout de la maison Delvaux et/ou de Raf Simons, si vous n’aviez jamais imaginé que les créateurs belges étaient tant admirés hors de nos frontières, si l’imagination féconde des jeunes formés dans nos écoles de mode vous impressionne, si vous collectionnez les numéros Mode c’est belge du Vif Weekend depuis trente-cinq ans, ou pas, cette invitation est pour vous. Inscrivez-vous sans plus attendre à la visite guidée de l’expo 35 ans Mode c’est belge, au MAD et au parcours #jachetebelge dans le quartier Dansaert. Elle aura lieu ce 27 octobre, de 11 heures à midi, au MAD, 10, place du Nouveau marché aux grains, à 1000 Bruxelles. Un clic et vous serez des nôtres.

La rédactrice en chef du Vif Weekend, Delphine Kindermans, aux côtés du créateur belge Raf Simons.
La rédactrice en chef du Vif Weekend, Delphine Kindermans, aux côtés du créateur belge Raf Simons.© fille roelants

And the winner is…

Les Belgian Fashion Awards 2018, deuxième édition, se tiendront ce 11 octobre au MAD, à Bruxelles (sur invitation). Outre le Jury prize et le Designer of the year, les prix seront décernés dans 5 catégories dont voici les nominés. – Emerging Talent of the year : Mosaert, 42/54, Bernadette by Charlotte, Valentine Witmeur Lab, Wali Mohammed Barrech

  • Professional of the year : Pierre Debusschere, Peter Philips, Aminata Sambe, Willy Vanderperre, Laetitia Bica
  • Entrepreneur of the year : Anne Chapelle, Marcy Szwarcburt, Carol et Sarah Piron, Carine Gilson, Inge Onsea & Esfan Eghtessadi
  • Most promising graduate : Cyril Bourez (La Cambre mode(s)), Mustafa Ataman (Haute école Francisco Ferrer), Gennaro Genni Velotti, Federica Di Leo, Noa Kapchitz & Elijah Schali (Académie royale des beaux-arts d’Anvers), Astrid Goossens (Académie des beaux-arts de Saint-Nicolas), Marine Savaris et Maxime Cordier (HELMo) et Hannah Vanspauwen (Académie royale des beaux-arts de Gand).
  • Fashion brand of the year : 20 labels belges ont été sélectionnés par le jury et proposés au suffrage du grand public sur www.belgianfashionawards.be

Soit, sur le podium ce 11 octobre 2018, sept créateurs, professionnels ou maisons de mode qui ont été sous les feux de la rampe l’année écoulée.

Le jury de cette deuxième édition est constitué du créateur Felipe Oliveira Baptista, de professionnels du secteur, Rafael Jimenez et Christophe Mollet (consultants), Morgane Lindenberg (boutique Irina Khä), Ilse Cornelissens (boutique Graanmarkt 13), Elisa De Wyngaert (MoMu), Caroline Esgain et Gwendoline d’Huart (Musée Mode et Dentelle) ; de représentantes de Flanders DC (Ann Claes et Nathalie De Schepper), du MAD (Elke Timmerman et Julie Delbeke), de WBDM (Giorgia Morero et Dominique Lefèbvre), des rédactrices en chef du Vif Weekend et de Knack Weekend (Delphine Kindermans et Ruth Goossens) et des journalistes mode des deux magazines (Anne-Françoise Moyson et Ellen De Wolf). Un panel d’experts qui entend honorer ceux qui font rayonner la mode belge et encourager les talents de demain. A l’image de ceux qui furent couronnés lors de la première édition en 2017, qui avait consacré Dries Van Noten, Raf Simons, Rushemy Botter, Inge Grognard, Marie Jo, Anton Janssens et Raf Maes de Komono et Alexandra et Ségolène Jacmin pour leur label Façon Jacmin. Hip hip hip hourra.

www.belgianfashionawards.be

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