Fashion week de Paris: Dior revisite son imprimé panthère

© dior
Isabelle Willot

Une sensibilité couture, un esprit d’aujourd’hui. Depuis son arrivée l’an dernier à la direction artistique de la ligne masculine de Dior, Kim Jones, jusque là à la tête de l’homme chez Louis Vuitton, a fait de cette phrase son mantra. Le Britannique puise son inspiration dans le patrimoine même de la maison, un exercice de style d’autant plus complexe que Christian Dior n’a jamais dessiné de collection masculine. L’interprétation ne peut donc être textuelle – même si les frontières entre masculin et féminin sont plus ténues aujourd’hui – et repose surtout sur les savoir-faire, l’art du tailleur dans toute sa splendeur, et sur la vie du créateur lui-même, en particulier sa passion pour les artistes qu’il a toujours soutenu en particulier lorsqu’il était galeriste.

Kim Jones a toujours invité des artistes à collaborer avec lui ce dont il ne se prive évidemment pas aujourd’hui: des dessins choisis dans l’oeuvre de Raymond Pettibon ainsi que des créations spécialement imaginées pour l’occasion ont été travaillées en imprimés, en maille, en jacquards et en broderies réalisées à la main. Un visage en particulier – que l’on retrouvait aussi sur la pochette contenant l’invitation du défilé – évoque celui de la Joconde sur fond de ciel impressionniste.

Autre guest star de cette saison dans cette collection comme sur d’autres podiums également: l’imprimé panthère. Surnommé jungle par Christian Dior et sa muse Mitzah Bricard en 1947, il est travaillé au pochoir et prend presque des allures « punk ». Cachemires, satins de soie et fourrures se mêlent sans complexe aux matières techniques. La gamme des couleurs explore les nuances phare de la maison, du bleu pâle au mauve en passant par un camaïeu de gris tirant jusqu’au bleu nuit puis au noir. Des pièces entièrement réversibles – une autre tendance de la saison observée également chez Dries Van Noten – rendent hommage aux créations couture qui se doivent d’être aussi parfaites à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le drapé diagonal du célèbre tailleur oblique donne ici naissance à des manteaux dont les pans se referment par-dessus les boutons.

On juge aussi le travail d’une maison à la force de ses accessoires. Lors de son premier défilé, Kim Jones avait revisité au masculin l’iconique sac Saddle qu’il propose à nouveau dans une version nylon ou vison façon léopard. Un sac à dos également en nylon arbore le motif cannage chez à Christian Dior. Une série d’étuis sont clairement pensés pour les indispensables de la vie connectée. Une version en plexiglas peut même contenir non pas un mais deux smartphones! Les bijoux sont cette saison encore conçus par Yoon Ahn, la créatrice coréenne à la tête de la griffe Ambush. Ils font directement référence à la nature superstitieuse de Christian Dior, notamment grâce à une série de charms portés comme des amulettes sur un bracelet à breloques. Le logo CD devient le fermoir d’une épingle à nourrice, symbole si l’en est d’un mouvement punk policé.

Pour rivaliser avec l’impressionnant podium de son premier défilé, Kim Jones a opté non plus pour une rotonde habitée par une immense stature fleurie de Christian Dior mais pour un setting tout en longueur au milieu duquel était installé un tapis mouvant de 76 mètres de long. L’idée était ici de rendre hommage aux tableaux vivants présentés autrefois dans les salons de couture, mission étant donnée aux modèles de rester immobiles, tels des statues de marbre antique défilant sans bouger.

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