Louise Dimanche, mon herboriste bien aimée

Louise Dimanche dans son herboristerie bruxelloise © Leila Fery
Stagiaire

A moins de trente ans, Louise Dimanche a ouvert son herboristerie au coeur de Saint-Gilles. Derrière elle, des dizaines de boîtes métalliques blanches chapeautées d’un couvercle rouge. Toutes renferment des plantes séchées aux diverses vertus pour confectionner des tisanes. Rencontre avec cette sorcière des temps modernes.

Une enfance dans la campagne française. Une mère pharmacienne et herboriste. Voici les ingrédients fondateurs de sa curiosité insatiable pour le monde botanique.

Enfant, après l’école, Louise se rend à l’officine familiale pour y faire ses devoirs. Très tôt, elle y questionne sa mère sur l’élaboration des médicaments. Celle-ci lui explique que des molécules de plantes sont isolées pour en faire des gélules, pilules et autres remèdes. Mais alors, pourquoi ne pas utiliser directement la plante ? Dès ce moment-là, du haut de sa dizaine d’années, Louise commence à se renseigner, goûter des plantes, boire des tisanes.

Puis, vient le temps du lycée. Louise étudie dans un lycée alternatif où un jardin de plantes aromatiques est créé. Les cours de chimie passés dans ce jardin l’ont confortée dans son intérêt, toujours grandissant, pour les plantes.

Son bac en poche, elle déménage à Bruxelles pour y étudier la photographie documentaire. Des amis lui parlent de leurs petits maux et elle commence à leur conseiller certaines plantes. Ça lui plaît. Et ça fonctionne. L’idée de pouvoir se soigner avec, avant de passer à des médicaments industriels, la fascine. Mais ce qu’elle adore par-dessus tout, c’est le conseil et le contact. Comprendre comment on fonctionne, et comment on fonctionne tous différemment : « Par exemple, si un couple vient me voir car aucun des deux n’arrive à dormir, je ne leur conseillerai pas la même plante. Ils n’ont pas le même caractère, pas le même comportement, pas la même énergie », explique-t-elle.

Après ses études de photographie, elle enchaîne sur une formation en herboristerie à l’EFP, une école de promotion sociale. Ce diplôme d’herboristerie est le seul reconnu en Belgique parce qu’il s’agit en réalité d’un diplôme de « gestion d’entreprise en herboristerie ». Or, Louise a à coeur de faire valoir les droits des herboristes ; c’est la raison pour laquelle elle a choisi cette école-là. En dehors de ses cours, elle continue à apprendre par elle-même, à se renseigner par les livres, à « manger de l’information » tout le temps.

En parallèle, Louise travaille dans un magasin bio. Du jour au lendemain, elle s’en retrouve l’herboriste attitrée. Elle étudiait alors depuis six mois à l’EFP : « J’ai complètement paniqué. J’ai conseillé du romarin pendant six mois parce que c’était la plante que je connaissais le mieux et qu’il sert à plein de choses : concentration, énergie, système immunitaire, nettoyage du foie ».

L'Herboristerie de Louise
L’Herboristerie de Louise© Leila Fery

L’ouverture de l’herboristerie

De fil en aiguille, Louise souhaite lancer un projet personnel. Elle aimerait ouvrir sa propre herboristerie, ce qui lui prendra environ deux ans. La première année, elle rumine, elle change plusieurs fois le projet. Trop d’envies différentes, trop d’intérêts et une imagination débordante. Elle n’arrivait pas à se cadrer :« Je voulais ouvrir une herboristerie, galerie d’art, café, troc, fripe, magasin de seconde main. Et puis c’est pas possible, parce que j’ai pas les moyens de faire ça seule et que c’est difficile de monter une équipe. Donc je me suis calmée un peu et je me suis dit que j’allais d’abord ouvrir une herboristerie « . L’année qui suit, elle prépare concrètement son projet. Et, il y a un an et huit mois très précisément, Louise ouvre sa boutique sous le doux nom minimaliste de « L’herboristerie de Louise ».

L’idée principale était d’ouvrir une herboristerie des plus traditionnelles possibles. Autrement dit, de proposer majoritairement des produits de base, très peu de transformés et « d’arrêter de vouloir chercher une texture crémeuse, blanche et onctueuse pour mon visage, parce qu’une simple huile de jojoba, c’est super ». Louise prône aussi dans sa boutique une éthique basée sur une moindre et meilleure consommation, une diminution des déchets, une proximité avec les producteurs – belges et français – et l’économie circulaire.

Une dernière corde à son arc, et non des moindres, est sa volonté de transmettre. Louise a mis en place des ateliers et des conférences tournant autour de l’aromathérapie, l’herboristerie, la slow cosmétique, l’alimentation, le cycle féminin et le lâcher-prise. Dans cette même veine, notre herboriste est sur un nouveau projet. Elle a été contactée par le CPAS de Schaerbeek pour y donner des ateliers. Si tout va bien, le premier aura lieu le 8 novembre. Une opportunité de transmettre son savoir ailleurs et de toucher un autre public.

Lorsqu’on lui demande comment elle se décrit, Louise se dit d’abord être quelqu’un qui a la niaque et qui aime faire des liens, entre les gens et entre les différents domaines.« Engagée, motivée, un peu dingue parce que je fais trop de trucs en même temps », résume-t-elle.

Sacs de plantes séchées en vrac, à l
Sacs de plantes séchées en vrac, à l »Herboristerie de Louise.© Leila Fery

L’amoureuse des plantes qu’est Louise est les aime bien entendu toutes. Mais si elle devait en retenir trois, ce serait l’Ortie, le Romarin et l’Aspérule odorante. Elle explique pourquoi.

  • L’Ortie est une plante qui sert à tout. Elle est reminéralisante pour le cartilage, les tendons, les muscles. Elle contient du calcium, du magnésium, des vitamines. Peu importe le moment de la vie où on la prend, elle sera toujours bénéfique. De plus, l’ortie est facilement trouvable, partout et à n’importe quelle période de l’année. On peut s’en servir de plein de manières différentes : tisanes, teintures-mères mais aussi soupe de feuilles d’ortie (avec des pommes de terre et des pois cassés, c’est un délice, assure-t-elle).
  • Le Romarin. En réalisant son mémoire de fin d’études sur le Romarin, Louise a découvert qu’il était bénéfique à de nombreux points de vue : anti-inflammatoire, antihistaminique, nettoyant du foie et de la vésicule biliaire et tonique en lotion sur le cuir chevelu ou en hydrolat pour le visage.
  • L’Aspérule odorante. Cette plante est idéale pour agir sur le système urinaire, notamment en association avec la bruyère dans des tisanes pour soigner la cystite. Elle est aussi légèrement calmante. Mais surtout elle a un parfum d’amandier en fleurs, ce qui est parfait pour relever le goût des tisanes qu’elle propose.

L’Herboristerie de Louise se trouve au 13 avenue Paul Dejaer – 1060 Bruxelles

Elle est ouverte le lundi de 14h à 20h et du mardi au samedi de 10h30 à 18h30.

Son site internet : http://www.herbodelouise.be/

Leila Fery

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