Sarajevo inaugure son téléphérique, symbole de la ville, 26 ans après sa destruction

Sarajevo a inauguré vendredi son téléphérique, vingt-six ans après sa mise hors service et sa destruction au début du siège (1992-95), un « dernier symbole reconstruit » de la capitale de Bosnie.

Des centaines d’habitants se sont dépêchés en milieu d’une journée ensoleillée pour admirer une vue à couper le souffle depuis le mont de Trebevic, surplombant Sarajevo. De quoi raviver les émotions de ceux qui se souviennent d’une autre époque. « C’était le premier regard d’ensemble sur la ville », se souvient Zijo Rizvanbegovic, chanteur du groupe de rock Valentino, très populaire dans les années 1980 dans l’ex-Yougoslavie, dont la Bosnie faisait alors partie.

Sarajevo inaugure son téléphérique, symbole de la ville, 26 ans après sa destruction
© AFP

« Il existe quelques symboles dans cette ville et je pense que le téléphérique est, avec la Bibliothèque nationale, le plus important. Je n’avais envoyé aucune carte postale de Sarajevo sans l’image du téléphérique », a-t-il dit avant de monter dans une des 33 cabines toutes neuves.

La mise hors service du téléphérique, construit en 1959, avait commencé par l’assassinat, en mars 1992, de son gardien Ramo Biber, une des premières victimes de la guerre de Bosnie qui a fait près de 100.000 morts. La station à l’arrivée, à 1.160 mètres d’altitude (contre 583 mètres au départ), a d’ailleurs été baptisée d’après cet homme.

Des positions des forces serbes de Bosnie se trouvaient pendant le siège à Trebevic. Le téléphérique traverse désormais l’ancienne ligne de front. Tout un symbole pour Edmond Offermann, un physicien américain d’origine néerlandaise, marié avant le conflit à une Bosnienne, qui a fait don de 4 millions de dollars (3,3 millions d’euros) pour la reconstruction du téléphérique, soit près de la moitié de l’investissement total. « Quand je suis revenu à Sarajevo en 1998, après la fin de la guerre, je suis monté voir les (anciennes) tranchées et je me suis alors rendu compte de l’importance de rétablir la connexion entre la montagne et la ville, deux parties qui s’étaient livrées à la guerre pendant quatre ans », a raconté à l’AFP Edmond Offermann, 58 ans.

La motivation de rétablir ce lien ne l’avait jamais abandonné. « Nous avons reconstruit le dernier des symboles détruits de Sarajevo (…) Et ce projet n’aurait pas pu être réalisé sans l’existence de ces deux personnes admirables que sont M. Offermann et son épouse Maja. C’est un monument à leur amour », a déclaré le maire de Sarajevo, Abdulah Skaka.

Pendant le siège de Sarajevo, qui a duré 44 mois, le plus long de l’histoire de la guerre moderne, plus de 11.000 personnes ont été tuées, dont 1.600 enfants et adolescents.

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