Quand la mode recycle ses archives

© IMAXTREE
Isabelle Willot

Se plonger dans les archives d’une marque pour nourrir son inspiration, c’est d’ordinaire ce que font les nouveaux directeurs artistiques lorsqu’ils ou elles se retrouvent à la tête d’une maison qui ne porte pas leur nom. En langage marketing orienté fashion on aime dire alors qu’ils cherchent à « s’imprégner des codes », et à « comprendre l’ADN » de la griffe pour mieux ensuite twister tout cela de manière plus contemporaine.

A titre d’exemple, le désormais célèbre tigre devenu l’un des emblèmes de la marque Kenzo est dérivé d’un motif trouvé sur une doublure par Carole Lim et Humerto Leon. Cette saison pourtant, ce sont des créateurs fondateurs de leur propre marque qui se sont prêtés au jeu du recyclage des archives.

Jean Touitou qui célèbre cette année les 30 ans d’A.P.C. avait ainsi convié ses invités à découvrir dans les sous-sols de son magasin de la Rue Royale, à Paris, la collection homme Automne-Hiver 17-18 comprenant entre autre quatre rééditions de modèles de l’hiver 86. Le tout au beau milieu des archives elles-mêmes, soit des dizaines de portants couverts de vêtements rangés par couleurs et soigneusement étiquetés, des modèles issus des collections précédentes bien sûr mais aussi des pièces dites « d’inspiration ».

Un exercice de style poussé encore un cran plus loin lors du défilé Juun.J dont le show intitulé… « Archive » mettait en scène là-encore les « statements » forts des dix années de travail du jeune créateur coréen, de l’oversize donc, du cuir, des trenchs et du kaki militaire déclinés pour la première fois également dans une collection féminine.

Chez Dries Van Noten aussi, les habitués de ses défilés ont d’ailleurs retrouvé un lieu qui leur était familier puisque c’est dans un long tunnel serpentant sous les rails du métro qui avait déjà servi de cadre à la présentation de la collection homme Automne-Hiver 1993-94 que le Belge leur avait une fois encore donné rendez-vous. Un exercice d’épure pour ainsi dire proposant une « sélection d’archétypes vestimentaires, de techniques, de matières et d’accessoires d’une garde-robe moderne ».

Pour l’Anversois, c’était aussi l’occasion de « proposer des modèles de collections passées – 86 et 93 notamment – à la future génération » mais surtout de rendre hommage aux tisserands et producteurs de textiles traditionnels dont les logos magnifiés « à la Dries » servaient au final d’ornements. Un geste de reconnaissance d’une rare élégance.

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