Florence, berceau de la mode italienne, bien avant Milan

Sur le salon Pitti Uomo consacré à la mode masculine, à Florence © Belga Image

Si la mode italienne est habituellement associée à Milan, et à ses célèbres Fashion Weeks, c’est à Florence que le « Made in Italy » s’est d’abord fait un nom, et continue de rayonner grâce au Pitti Uomo, salon qui ouvre ses portes mardi.

Comme chaque année, la cité toscane va se transformer jusqu’à vendredi en capitale de la mode masculine, pour quatre jours de défilés de prêt-à-porter sur les dernières tendances pour l’homme.

Un rendez-vous incontournable pour les acheteurs, journalistes, blogueurs et autres influenceurs qui se pressent chaque année plus nombreux (ils étaient 36.000 l’an passé) à la Fortezza da Basso, l’imposante fortification du XVe siècle en forme de pentagone où se tient l’événement.

Quelque 1.200 marques, présentant les collections automne-hiver, sont attendues pour cette 93e édition dont la tête d’affiche sera Karl Lagerfeld. Le styliste allemand devrait dévoiler à Florence un nouveau projet consacré à l’homme.

Devenue au fil des ans une référence du chic et de l’élégance au masculin, Florence a organisé ses premiers défilés de haute couture italienne en 1951, sous la houlette de Giovanni Battista Giorgini, un homme d’affaires toscan, exportateur d’artisanat transalpin aux Etats-Unis.

Ils ont d’abord eu lieu dans ses propres salons, avant de s’installer un an plus tard dans l’époustouflante Salle Blanche du Palais Pitti, avec au premier rang les acheteurs des plus grandes griffes américaines et les journalistes mode les plus en vue du moment.

Des maisons alors inconnues du grand public comme Simonetta, Pucci, Fontana, Cappucci apparaissent et l’enthousiasme est immédiat.

Jusque dans les années 1980, c’est dans cette salle aux moulures blanches et sous les chandeliers de verre de Bohême que les plus grandes maisons défilent: Gucci, Schiaparelli, Ferragamo… Et que le « Made in Italy » devient un label pour la mode internationale.

« La relation de Florence avec la mode trouve ses racines dans son histoire économique, politique et culturelle, dominée par les puissantes corporations des métiers du tissu », explique Angelo Cavicchi, président de la Fondation Pitti Discovery et du Centre Florence pour la Mode Italienne.

21 corporations

Du XIIe au XVIIe siècle, Florence compte 21 corporations d’arts et métiers, associations laïques qui défendent les intérêts et les savoir-faire de ces riches et influents groupes d’activités professionnelles.

Équivalents de nos actuels lobbies, elles gèrent d’abord la vie économique de la cité, avant de s’impliquer dans la vie politique et surtout dans les affaires culturelles.

Les plus puissantes corporations, dites des Arts majeurs, sont dominées par les métiers du tissus: Calimala, qui gère l’importation de tissus bruts, leur transformation et leur exportation en tissus raffinés, et les corporations de la laine et de la soie. Ces dernières se livrent à une compétition qui produira les plus belles réalisations architecturales et artistiques de la ville.

Aux portes en bronze du Baptistère de Saint-Jean, réalisées par Ghiberti et financées par Calimala, répondent ainsi la façade du Dome de Florence par Arnolfo et la coupole de Brunelleschi, commandées par l’Art de la Laine.

« Un phénomène comparable au soutien fondamental que les entreprises privées, dont de nombreuses maisons de mode, apportent aujourd’hui aux projets culturels et de développement du territoire », explique Saverio Pacchioni, de l’Association Partners Palazzo Strozzi, qui mène des projets de promotion du territoire. Elle est présidée par Leonardo Ferragamo, patron de la maison de mode florentine éponyme.

Aujourd’hui encore, Florence défend sa position sur l’échiquier de la mode à travers un artisanat local développé et la proximité de Prato, la ville qui fournit des tissus à l’industrie du prêt-à-porter.

A cela s’ajoute la présence de curiosités historiques et d’excellence technique, comme l’Antico Setificio Fiorentino, fabrique de soierie fondée en 1786: jacquard, damas, passementeries y sont encore produits à la main sur des métiers à tisser ayant appartenu aux plus grandes familles nobles de la ville.

Des savoir-faire qui survivent aussi grâce à la formation, en particulier par Polimoda, la grande école des métiers de la mode, qui compte parmi les dix meilleures écoles du monde dans le secteur.

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