Milan: Prada et les animaux fantastiques

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Isabelle Willot

Pour situer l’importance du nylon Pocone dans l’ADN de la maison italienne, on pourrait dire que cette matière en apparence banale et longtemps utilisée uniquement dans l’industrie du luxe pour faire des doublures est à Prada ce que le matelassé est à Chanel. Un signe de reconnaissance à très haut potentiel de désirabilité. Mieux même: avec le lancement de la ligne de sacs en nylon noir dans les années 1980, on peut dire qu’il y a eu un avant et un après dans l’histoire de cette marque plus que centenaire passée du statut d’enseigne bourgeoise et familiale dans tous les sens du terme à prescriptrice des goûts et des tendances de la planète mode. A 68 ans, Miuccia Prada a déjà démontré à de nombreuses reprises qu’il fallait prendre ses obsessions au sérieux. Cette saison, la créatrice et femme d’affaires n’en avait donc que pour ce nylon, noir de préférence. Et pour mieux le démontrer, la grande dame de la mode avait convié six architectes et designers de premier plan à partager son enthousiasme en revisitant à leur manière ce tissu 100% vegan. Ronan & Erwan Bouroullec ont ainsi proposé un carton à dessin, Konstantin Grcic un tablier, Herzog & de Meuron un manteau et une chemise, Rem Koolhas un « sac à buste ». Comme toujours, c’est le bureau d’architecture de ce dernier qui signait la scénographie particulièrement réussie et installée, une fois n’est pas coutume, dans un énorme entrepôt situé à l’arrière de la Fondazione Prada et rempli d’un stock complètement imaginaire si l’on en croit les stickers collés sur les boîtes de contreplaqué aux dimensions pour le moins hors normes. En coulisses, après le show, Miuccia Prada s’amusait à laisser sous-entendre qu’elles pourraient abrités des animaux fantastiques venus d’un autre temps. La collection accueillait à nouveau quelques silhouettes féminines pourtant bannies la saison dernière. L’hiver 18-19 selon Prada, les vestes et les manteaux se porteront donc oversize. Les pantalons larges et trop long « casseront » sur les chevilles. Prada ne serait pas Prada sans imprimés que personne d’autre – à part Gucci peut-être ? – n’imaginerait même oser. Spotté aussi sur le catwalk, le logo de la ligne sport Linea Rossa et un bob improbable en hiver. Il faudra bien s’y faire.

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