Le royaume de Michel Penneman, l’architecte d’intérieur bruxellois

Intérieur © Jan Verlinde

Il déménage régulièrement et prend à chaque fois son temps pour redonner aux meubles, objets et oeuvres d’art une place de choix. Il nous ouvre les portes de son nouvel home sweet home, à Uccle.

Si déménager s’apparente à un véritable supplice pour la majorité des gens, ce n’est pas le cas de Michel Penneman. Il trouve même un certain plaisir dans cette activité qu’il considère comme allant de soi.

Et ce, malgré une vaste collection d’art et de nombreux éléments de décoration à emballer et déballer, avant de leur trouver à chaque fois une nouvelle place.  » Je réalise au préalable un plan sur lequel j’attribue déjà un endroit à chaque meuble, tapis et objet. Tout est planifié jusque dans les moindres détails.

Dans la salle dédiée à la musique, la bibliothèque Stick de Plechac & Wielgus fait face à un piano et au tabouret Naboo de Stéphane Parmentier, posé sur un tapis signé Big-Game.
Dans la salle dédiée à la musique, la bibliothèque Stick de Plechac & Wielgus fait face à un piano et au tabouret Naboo de Stéphane Parmentier, posé sur un tapis signé Big-Game.© JAN VERLINDE

Je trouve cela passionnant. Déménager me permet de voyager et de revivre en quelque sorte. Ce que je préfère, ce sont les changements drastiques car toute nouvelle situation aiguise l’attention et rend l’expérience plus intense « , explique le concepteur, tout sourire.

Dans son travail aussi, peu de choses sont laissées au hasard. Lorsqu’il bossait, il y a quelques années, pour la société d’ingénierie Tractebel, il était l’un des pionniers de la conception en 3D.

Un peu plus tard, il a lancé son propre bureau de création et, en 2009, la conception du White Hotel, à Bruxelles, lui a offert une belle reconnaissance au niveau national. D’autres établissements horeca désirant une ambiance design ont ensuite fait appel à ses services : le Pantone, le Zoom et le Vintage notamment.

Un attrait pour ces lieux touristiques qui fait écho à son plaisir de changer, lui aussi, régulièrement, de domicile. A son palmarès, on trouve par ailleurs des projets internationaux comme les boutiques Marcolini à Monaco, Paris et Taïwan et des intérieurs de trains.

OEuvre hippie

Une tapisserie de Jopie de Wijs.
Une tapisserie de Jopie de Wijs.© JAN VERLINDE

Son habitation actuelle, une vaste maison de maître à Uccle, n’a toutefois rien d’un hôtel. Son aménagement est bien plus intimiste.  » La lumière et l’espace sont mes deux critères principaux lorsque je me mets en quête d’une maison, précise-t-il. La première est absolument essentielle à mes yeux. C’est pour cette raison que j’opte, du moins dans ma propre demeure, pour des murs et des plafonds blancs.

Ce sont les objets de déco comme les vases, les coussins et les tapis qui viennent ajouter des notes colorées, au même titre que les oeuvres d’art. Prenez par exemple cette grande peinture de Jo Delahaut installée dans la salle à manger : c’est un travail splendide.  » Ténor de la peinture abstraite d’après-guerre en Belgique, cet artiste bruxellois réalisait des toiles monumentales aux compositions graphiques fortes.  »

Ce sont les objets de déco comme les vases, les coussins et les tapis qui viennent ajouter des notes colorées, au même titre que les oeuvres d’art.

En tant que collectionneur, vous repoussez sans cesse les limites de vos goûts personnels, fait observer le designer. Vous découvrez la beauté d’oeuvres d’art et vous vous émerveillez devant des créations qui ne vous touchaient peut-être pas auparavant.  » L’architecte collectionne par ailleurs, avec tout autant d’enthousiasme, le meilleur du design.

Pour Michel Penneman, cette passion, tout comme le fait de déménager souvent, lui permet de découvrir constamment de nouvelles choses.  » Regardez cette tapisserie murale qui orne la salle à manger, lance-t-il. C’est une véritable oeuvre hippie signée par Jopie de Wijs, en 1972. Il y a dix ans, je n’aurais jamais mis un tableau de ce genre chez moi. Mais à force de visiter des expos et d’aller voir ailleurs, mon horizon s’est considérablement élargi.  »

Étincelle Bauhaus

L'oeuvre de Jo Delahaut côtoie une création Néon de Lieven De Boeck. La table à manger de 1968 est signée Arne Jacobsen et Piet Hein. Les chaises sont de Cees Braakman.
L’oeuvre de Jo Delahaut côtoie une création Néon de Lieven De Boeck. La table à manger de 1968 est signée Arne Jacobsen et Piet Hein. Les chaises sont de Cees Braakman.© JAN VERLINDE

Pour le Bruxellois, la vie est plus agréable lorsqu’on s’entoure de belles pièces.  » Et cela n’a rien à voir avec la richesse, note-t-il.

L’art est un luxe. Cela peut paraître cliché mais c’est la vérité. Je suis toujours stupéfait aujourd’hui de n’avoir rien appris sur le sujet à l’école secondaire. C’était comme si ce domaine n’existait pas. N’est-ce pas dommage ?

Je me rappelle très bien du jour où j’ai découvert cet univers. J’étais fraîchement arrivé à La Cambre et j’ai vu une photo d’un bâtiment Bauhaus des années 1920 qui m’a beaucoup ému. Cette image a instantanément réveillé la créativité qui sommeillait en moi. Comme quoi, une simple étincelle peut suffire à mettre quelqu’un sur la bonne voie.  »

L’amour que porte Michel Penneman à ces interventions artistiques a largement déterminé l’aménagement de son logement actuel… Jusque dans la cuisine !  » Il ne s’agit pas simplement d’art, insiste-t-il encore. Les couleurs et les matériaux ont aussi leur importance. Je voue une véritable admiration aux artisans.

Je visite leurs ateliers dès que j’en ai l’occasion. J’aime également collaborer avec eux sur chantier car j’apprécie moi-même le travail manuel. En apprenant à souder, à tourner le bois et à fraiser, j’ai acquis beaucoup de respect pour les métiers manuels. C’est aussi de cette façon que j’ai développé ma connaissance des matériaux. C’est pour moi l’un des secrets du secteur de l’intérieur.

En connaissant parfaitement le bois, le métal et le textile, vous êtes à même de déterminer les combinaisons adéquates. J’enseigne d’ailleurs à mes enfants les différentes essences de bois.  »

michelpenneman.com

 » Déménager me permet de voyager et de revivre en quelque sorte « , explique Michel Penneman. © JAN VERLINDE

Suite dreams

L’architecte d’intérieur Michel Penneman a signé cette année trois nouveaux hôtels design à Bruxelles. En mars dernier, l’hôtel Yadoya, inspiré du Japon, a ouvert ses portes en face du Kaaitheater.

Chaque chambre est conçue comme un dojo, ces salles d’entraînement nipponnes destinées aux sports de combat. Michel Penneman a également dessiné l’intérieur décalé de l’auberge de jeunesse Sleep Well, dans la rue du Damier.

Mais son dernier projet en date est l’hôtel Hygge, qui ouvre ses portes le 1er juillet prochain, dans le quartier de la Toison d’Or. Celui-ci promet une plongée en plein coeur de la Scandinavie, tant en matière de design que de gastronomie.

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