Les super aliments aussi au service des cosmétiques

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Certaines régions de la planète concentrent un nombre très élevé de centenaires. Leur secret de longévité ? Il se cache en partie dans leur assiette. Comme Chanel, de plus en plus de marques intègrent dès lors, dans leurs formules, des ingrédients faisant aussi fureur dans les régimes alimentaires sains.

On est ce que l’on mange. Ce qui sonne comme le mantra de la génération Y ne date pourtant pas d’hier, le grand Hippocrate, père de la médecine moderne, en avait déjà fait le principe fondamental de son art. Et s’il ne parlait pas encore de « superfood », il prônait déjà les vertus d’une alimentation saine.

Rien de surprenant finalement à ce que l’on ait identifié dans sa Grèce natale, sur l’île d’Icarie, l’un de ces territoires de longévité – hommes et femmes y sont plus nombreux qu’ailleurs à vivre centenaires – que l’on appelle zones bleues. Si la communauté scientifique s’est longtemps focalisée sur le régime des habitants de ces régions privilégiées – les études pointent aussi la Sardaigne, l’île d’Okinawa au Japon ou encore la péninsule de Nicoya au Costa Rica – d’autres facteurs de bien-être comme le fait de pratiquer une activité physique, un bon degré de tolérance au stress et une certaine culture du lien social permettent également d’expliquer ces durées de vie hors normes.

Sérum Even Better Clinical de Clinique, 101,35 euros les 50 ml.
Sérum Even Better Clinical de Clinique, 101,35 euros les 50 ml.© sdp

Ces critères, dévoilés formellement par le biais d’une enquête menée sur 801 centenaires, pas tous issus des zones bleues d’ailleurs, les chercheurs de chez Chanel ont eu l’idée de les confronter aux quatre mécanismes essentiels à une peau saine.

« L’énergie cellulaire peut être comparée à l’activité physique quotidienne pratiquée dans ces régions de la planète, détaille Armelle Souraud, directrice de la communication scientifique de la maison parisienne. Au métabolisme cellulaire correspond l’importance de l’équilibre alimentaire. A l’instar du lien social, la communication entre les cellules, qui doivent aussi pouvoir faire preuve de résistance au stress pour affronter les agressions extérieures, est essentielle au bien-être de la peau. »

Lorsqu’il s’est agi, ensuite, de mettre au point un cocktail susceptible d’avoir en parallèle une action sur ces quatre fronts, c’est tout naturellement sur la piste d’aliments consommés abondamment par les centenaires des zones bleues que Nicola Fuzzati a lancé ses équipes. « Nous analysons environ 500 plantes par an, note le directeur de la recherche sur les ingrédients actifs de Chanel. Si nous parvenons à démontrer l’efficacité d’une dizaine d’entre elles, c’est un succès ! Les possibilités sont infinies. En tant que phytochimistes, nous préférons partir de ce qui est déjà utilisé par l’homme depuis des siècles plutôt que de nous lancer à l’aveugle au beau milieu de la jungle. Ce qui ne nous empêche pas de les approcher avec un oeil neuf – nous sommes les premiers à utiliser l’huile de café vert, par exemple – et à mettre au jour de nouvelles propriétés. »

Blue Serum de Chanel, 95 euros les 30 ml.
Blue Serum de Chanel, 95 euros les 30 ml.© Chanel

Au coeur de son Blue Serum, présenté non pas comme un soin combat – comme un antirides, par exemple – mais comme un  » cultivateur de jeunesse  » à utiliser en tant que première étape d’une routine, personnalisable ensuite selon les besoins spécifiques de chacun, se retrouvent dès lors des actifs extraits du café vert du Costa Rica, de l’olive de Sardaigne et du lentisque de Grèce.

« Plutôt que de prendre la voie la plus longue qui consiste à les ingérer – on sait que la peau n’est jamais le premier organe qui sera servi -, nous allons les appliquer là où il faut et à la juste concentration pour obtenir l’action voulue directement sur les cellules », ajoute Armelle Souraud.

Multiples vertus

Cette logique, à l’oeuvre dès les fondements mêmes de l’industrie cosmétique, trouve aujourd’hui un second souffle avec l’arrivée dans les formules de  » super aliments  » en tout genre, stars de ces assiettes  » santé  » faisant partie intégrante d’un mode de vie toujours plus sain.

D’abord popularisées de l’autre côté de l’Atlantique, ces baies, graines, algues et autres noix plus exotiques les unes que les autres, aux vertus tantôt antioxydantes, tantôt énergisantes, ou les deux, ont tout naturellement fait leur apparition en primeur dans des produits made in USA.

Butterstick Lip Treatment de Kiehl's, 19 euros le bâton.
Butterstick Lip Treatment de Kiehl’s, 19 euros le bâton. © sdp

Inaugurées par Kiehl’s, Aveda ou Origins, notamment, elles ont ensuite essaimé progressivement dans d’autres marques également, en particulier dans les produits ciblant spécifiquement les Millennials, cette génération de digital natives nés au début des années 80. Selon Canadean, société londonienne spécialisée en études de marché dans les secteurs alimentaires et cosmétiques, une part en constante croissance du grand public associe désormais jeunesse et beauté au fait de se nourrir sainement, ce qui explique l’émergence d’une série de biens conçus pour satisfaire ces consommateurs soucieux de leur forme.

Masque By All Greens d'Origins, 19 euros les 70 ml.
Masque By All Greens d’Origins, 19 euros les 70 ml.© sdp

« Tout est basé sur l’idée que si c’est bon à manger et que cela vous fait du bien à l’intérieur, alors cela sera par extension bon pour votre apparence aussi, pointent les analystes de la firme britannique. Les marques ont tout intérêt à capitaliser sur l’image positive des super aliments, surtout s’ils sont familiers des consommateurs et utilisés dans les régimes sains : les gens seront d’autant plus convaincus de leur efficacité s’ils les retrouvent dans des cosmétiques. »

A titre d’exemple, l’enquête révèle ainsi que 71 % des personnes interrogées sont persuadées que les  » super fruits « , comme les myrtilles, ont une réelle efficacité lorsqu’ils sont utilisés dans des produits de beauté.

Surfant sur leur capital sympathie, de plus en plus d’acteurs du secteur ont donc recours à des actifs issus de ces aliments éminemment populaires dont ils n’ont de cesse de démontrer l’efficacité sur la peau.

Masque Multi-Régénérant de Clarins, 70 euros les 75 ml.
Masque Multi-Régénérant de Clarins, 70 euros les 75 ml. © sdp

Des marques comme Yves Rocher, Clarins et Sisley, qui, depuis leur lancement, ont conçu leurs produits autour des performances de plantes aux bienfaits bien connus dans les pharmacopées du monde entier, complètent désormais leurs herbiers avec des ingrédients étiquetés superfood.

Un extrait de graine d’acérola -un arbuste dont les fruits aux allures de cerises sauvages sont consommés comme digestif par les Indiens d’Amazonie – a fait son apparition aux côtés de la banane verte bio dans le tout nouveau masque régénérant de Clarins.

Un fruit aux vertus antioxydantes dont la pulpe riche en vitamine C est également l’un des composants vedettes de la gamme détox antipollution et éclat lancée par Bio-Beauté by Nuxe en ce début d’année.

Le soin liquide lissant & booster d'éclat Energie de Vie de Lancôme, 60,50 euros les 50 ml.
Le soin liquide lissant & booster d’éclat Energie de Vie de Lancôme, 60,50 euros les 50 ml. © sdp

Chez Lancôme, la franchise Energie de Vie créée au printemps 2016 et appelée à s’agrandir en mai 2017 avec l’arrivée d’un masque peeling et d’un contour des yeux, s’appuie sur un duo de mélisse française et de baie de goji pour répondre aux besoins des 25-35 ans particulièrement sensibles à la  » fatigue urbaine « .

 » L’engouement pour le « fooding » et le « manger bon » est partout, justifie la marque française. En témoignent la multiplication des magasins bio, la démocratisation des réseaux faisant le lien entre consommateurs et producteurs locaux sans oublier l' »instagramisation » du moindre repas.  »

Boosters de jeunesse

Considérés comme des bombes d’énergie synonymes de bonne santé, les super aliments sont donc en prise directe avec le rapport qu’à la génération Y avec la nourriture.

Hydra Bomb de Garnier, 7,99 euros les 50 ml.
Hydra Bomb de Garnier, 7,99 euros les 50 ml. © sdp

C’est aussi dans le but d’offrir à la peau ces fabuleux boosters que Garnier a choisi d’infuser sa gamme Hydra Bomb, à destination des jeunes femmes, de grenade et d’amla.

Voile hydratant effet peau nue ligne 24 Heures d'Annayake, 46,95 euros les 30 ml.
Voile hydratant effet peau nue ligne 24 Heures d’Annayake, 46,95 euros les 30 ml. © sdp

Chez Annyake, on préfère miser sur le son de riz pour la ligne hydratante.

Crème mains Gant de Velours de Seconde Nature, 16 euros les 50 ml.
Crème mains Gant de Velours de Seconde Nature, 16 euros les 50 ml. © sdp

Même la marque belge bio Seconde Nature a pensé aux propriétés antioxydantes du chia pour sa crème pour les mains, qui contient par ailleurs de l’extrait de grenade.

Alors que Clinique s’offre les bienfaits d’une variété rare de thé vert dans son sérum à double formule Even Better Clinical concentré correcteur et sublimateur anti-taches, chez Kiehl’s, c’est l’huile de coco, prisée des chefs à la pointe de la vague healthy, qui se retrouve dans un baume à lèvres promettant jusqu’à 12 heures d’hydratation. Huile de coco toujours mais aussi noix de macadamia et aloe vera sont omniprésents dans les références du nouveau label belge Self. Quant au masque By All Greens d’Origins, il déborde d’épinards, de thé vert et de spiruline. Un véritable repas à lui tout seul, comme s’il devait vraiment nourrir la peau, au sens littéral du terme.

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